dimanche 22 mai 2016

S'attacher ou pas? Quelle leçon tirer de la Clipper Race?


En lisant le dernier numéro de Yachting-World j'ai appris que Darren Ladd, mon ancien équipier de l'ARC 2011 et de l'ARC Europe 2012 avait 'abandonné' la course et était rentré en Angleterre.
Evidement il a été remplacé par quelqu'un d'autre pour le trajet Seattle-Panama puis pour les autres étapes.

Ce qui est à retenir de cette expérience malheureuse c'est qu'il a eu sur son bateau les deux accidents mortels que l'on redoute le plus en traversée: un choc violent de la bôme lors d'un empannage et une noyade due à
un "homme à la mer" après une manoeuvre par 40 noeuds de vent.

Le premier risque peut être réduit par une méthode strictement suivie  pour la gestion des empannages: retenue de bôme plus frein de bôme, ramener la bôme au centre en relâchant progressivement la retenue enroulée autour d'un winch et contrôlée en permanence par un équipier, empannage avec la bôme au centre puis relâchement de la retenue, la bôme n'étant ralentie que par le frein bien étarqué pour éviter tout retour intempestif et enfin réinstallation de la retenue  sur l'autre bord.

Par contre pour éviter l'homme à la mer, emporté par une vague, ou chutant au cours d'une manoeuvre, il n'y a qu'un seul moyen: le harnais et uniquement le harnais auquel on peut ajouter des cagnards au niveau du cockpit ainsi que des filets dans les filières.

J'ai toujours trouvé surprenant que l'on trouve si rarement ces deux éléments de sécurité sur les bateaux.
EN général, lorsqu'on les voit, c'est qu'il y a des enfants ou des animaux à bord.

Or, l'équipière qui rangeait le cockpit n'était pas 'clippée'. Elle avait son gilet et son AIS personnel mais rien pour la retenir et la seconde vague l'a fait passer sous les filières.
Certes Sarah Young (40 ans) a été retrouvée (grace à l'AIS, aux compétences de l' équipage et au suivi strict de la procédure) et flottant (grace à son gilet) mais trop tard dans une mer glacée et tout sauf calme.

Ca c'est le 'traitement', cela arrive après l'accident. Le mieux c'est la 'prévention': empêcher l'accident et c'est bien différent!

Il y a beaucoup de discours à propos de l'utilité du harnais et des lignes de vie.
Les blogs et autres sites en sont pleins.
Certes durant des années on s'en est passé.
Certes les coureurs au large (Vendée Globe par exemple) s'en dispensent souvent.
Certes cela peut géner lors des manoeuvres et/ou des déplacements.
Cependant Tabarly qui n'en voulait pas a été emporté par une vague, en  pleine nuit,par gros temps en mer d'Irlande lors d'une prise de ris, et c'était Tabarly dont on ne peut pas dire qu'il était inexpérimenté et il n'a jamais été retrouvé.

La première responsabilité du skipper est de ramener tout le monde.
Et pour cela il faut deux chose: 

1 - garder le bateau SUR l'eau
2 - garder tout le monde SUR le bateau


Obliger les équipiers à s'attacher en permanence peut être perçu comme excessif et la règle est rarement appliquée telle quelle.
En définitive il est de la responsabilité de chacun de suivre cette recommandation, essentiellement de nuit, si la mer est agitée, au dessus d'une certaine force de vent, si l'on est seul dans le cockpit ou lors des déplacements sur le pont.
Et ceci d'autant plus que 'être attaché' n'est pas exclusif de la voile et que, dans certaines activités c'est obligatoire, légalement.

C'est la rêgle sur Hanami II et je n'ai jamais transigé avec cela.

Je n'aimerais pas être à la place de Darren, qui est un excellent marin et un instructeur du RYA avec qui j'aurais énormément de plaisir à re-naviguer, car j'aurais toujours en tête que quelque chose aurait pu éviter une telle catastrophe et que cela dépendait probablement de moi, même si l'on ne peut pas être tout le temps partout et être responsable de tout.

C'est la même position que défend Skip Novack, skipper dans les mers Australes, dans un article du même muméro du magazine.

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