Sainte Lucie enfin

Dimanche 08 decembre
Marina de Rodney Bay

Et bien, ca y est, nous voici a Ste Lucie ou nous sommes arrives au ponton a minuit passe apres une journee totalement differente de celles que nous avions connues jusque la.

Le matin, beau soleil, mer bleue,  bonne houle par l'arriere, toujours les 3 lignes de traine et bien sur toujours pas de poisson.
Conditions ideales pour sortir le spi car la meteo annonce 13 a 18 noeuds de vent.
On prepare tout, on envoie la voile, Michel prend la barre et on avance bon train jusqu'a l'heure du dejeuner prepare par Marie: salade composee riche en sucres lents.
C'est juste a ce moment la que le vent passe soudainement de 15 a 25 puis 30 noeuds alors que la salade vient d'etre servie et que le bateau, gite, se cabre, part au lof et que spi s'envole et tente de s'evader du bateau, tou les bouts claquants dans le vent.
Tout vole partout, les bols de salade traversent le cockpit, le bateau se couche, l'eau arrivant sur  le plat bord et la bome touchant l'eau, bien tenue par sa retenue, heureusement!
Ca c'est une urgence: Marie prend la barre et Christian, Michel et moi nous arnachons et foncons a l'avant pour affaler le spi qui bat, couche le bateau et bien sur refuse de descendre.
Il faudra bien 5 a 10 minutes pour arriver a le faire rentrer dans sa chaussette, a trois, en coincant le va et vient sur un taquet apres que l'ecoute sous le vent se soit detachee que le tangon ait ete ramene a l'avant contre l'enrouleur de genois et que Christian y ait laisse un peu de la peau de ses doigts.

Enfin apres la "bataille" le bateau retrouve son equilibre, on reprend notre souffle, range (dehors et dedans), lave et soigne les doigts de Christian. Ceci fait, par securite on prend un ris et croise le genois tangonne sur lequel on prend 2 ris, on ne sait jamais.
Certes on va moins vite (quoi que ..., on file encore 6 noeuds) mais le bateau est a plat et je crois que tout le monde a eu sa DOSE d'adrenaline. C'etait "chaud" comme on dit mais Hanami s'est bien comporte, resistant bien a la gite, on n'a rien casse (sauf la gaffe qui, en but de bome a touche l'eau et s'est cassee) et le spi ne s'est pas dechire comme c'est arrive au bateau Aronax dans des conditions identiques.

Le calme etait donc revenu mais ca n'a pas dure, comme je le sentais depuis un moment.
L'horizon en face de nous est devenu noir avec une ligne de gros grains sombres et les nuages ont envahi le ciel, devant, derriere, sur le cotes. Bizarrement le barometre lui n'a pas bouge: 1010.4 stable. Nous avons reussi a laisser un grain sur tribord, esperant que ce serait clair derriere, mais non c'etait pareil, voire pire avec la nuit venant et aucun coucher de soleil devant nous sous les nuages.
Black, just black ...
La il n'y a plus a discuter, un prend rapidement un second ris dans la GV et encore un ris dans le genois et on se prepare a se faire secouer, ce qui ne manque pas.
Le vent monte: 17, 20, 25, 30...
Hanami file presque vent arriere a plus de 8 Noeuds avec peu de toile et voila la pluie qui arrive.
Les cretes de vagues deviennent blanches puis la pluie forcissant devient horizontale et le vent montant la mer devient blanche et se creuse, heureusement pas trop.
Marie, qui a pris la barre avec juste mon coupe vent du Vendee Globe va encaisser jusqu'a 38 noeuds de vent au moins  et garder Hanami 2 sur sa route, bien equilibre avec quelques pointes a plus de 10 noeuds alors que le genois etant totalement roule il ne nous reste plus que la GV au second ris, en attendant de prendre le 3eme si besoin.
Christian la relaie ensuite quand ca se stabilise un peu au dessous de 30 noeuds et Marie rentre se secher avec un "je me suis regalee, j'adore barrer dans le gros temps". Merde, c'est vrai, elle aime ca notre sacree barreuse du Pacifique et il faut reconnaitre qu'elle le fait super bien.
On lui en redonnerait presque ... Bon je dis "presque" mais je pense "Meme si elle aime ca, on arrete ici. Basta".
Evidement, vous avez compris, ca dure encore une bonne heure et, en tout, l'episode aura pris plus de 3 heures avant que le vent ne retombe au dessous de 20 noeuds.

"Apres le calme la tempete..." ET bien l'inverse marche aussi: apres la tempete le calme.
Le vent baisse, tourne, nous force a aller vers le Nord Est et a ce train la on va finir en Martinique.
Toutesfois, apres avoir bien tourne et nous avoir forces a empanner il tombe tout a fait et nous finissons au moteur, cap sur Pigeon Island, la pointe nord de Ste Lucie au dessus de laquelle se leve un superbe croissant de lune, pointes tournees vers le haut pendant que le ciel redevient clair et seme d'etoiles. On aurait prefere que cela arrive plus tot.
Un autre bateau de l'ARC nous precede a 1 mile, lui aussi a du se faire bien secouer.
Michel et Christian sont alles se reposer, Marie et moi les reverons au passage de la pointe, juste a temps pour "renvoyer de la toile"  et empanner avant d'entrer dans Rodney Bay, cap sur la ligne d'arrivee.
Cette ligne nous l'avions materialisee par 2 way points: un pour le bateau pointeur, un pour la bouee clignotante et nous la rattons alors que le "semi-rigide" du photographe officiel qui vient immortaliser se moment nous bombarde de ses flashes. Il faut donc retourner en arriere et la passer dans le bon sens a la voile: virement de bord, empannage, franchissment de la ligne, CA Y EST. ON EST ARRIVES.

La suite: mettre les amarres, les barre battages et cap sur l'entree de la marina en evitant le bateaux a l'ancre sans feux de mouillage (il faut etre barjo pour faire ca) et donc sans longer la plage ou il y en a plein.
Ici on est dans la zone US, les couleurs sont inversees (rouge a tribord quand on rentre: "Red Right on Retrun"), je le sais, Michel aussi mais Marie et non et du fait de l'orientation de la passe et de notre ligne d'approche ils sont un tantinet desorientes. La passe est etroite et il faut virer pour la prendre bien dans l'axe. Je la connais mais de nuit evaluer la distance est un peu delicat et nous virons vraiment au dernier moment, un peu pres des enrochements pour Michel. On se serait cru a Port Bourgenais mais dans l'autre sens.
Reste a rejoindre le ponton a notre place, la D9 que nous prendrons en marche arriere, sans probleme apres un breve reconnaissance. Les "chemises jaunes de l'ARC" prennent nos amarres, on saute sur le ponton ou Andy (qui avait accueilli Hanami 2 il ya 2 ans) et ses collegues nous attendent avec Ponch, Rhum et panier de fruits.
Bien agreable de revoir des visage connus et de marcher sur un ponton apres la secouee de la journee et avant d'essayer d'aller boire un pot pour arroser ca. Je dis essayer car tout est ferme. On est arrive trop tard mais entiers et on a rien casse. C'etait l'objectif.
Chapeau a l'equipage et au bateau qui nous a bien amene la.
Thanks Hanami... You're great, keep going ...

Maintenant, cool, repos ...

A suivre ....